Rester en forme avec Spencer O’Brien

L’importance de l’exercice et de la musculation pour les personnes atteintes d’arthrite

La snowboardeuse canadienne Spencer O’Brien a appris qu’elle souffrait de polyarthrite rhumatoïde quelques mois avant de participer aux Jeux olympiques de Sochi en 2014.

Elle a d’abord ressenti des douleurs dans les genoux et les chevilles, qu’elle a attribuées à des étirements insuffisants et à de vieilles blessures. Puis, à mesure que les douleurs augmentaient, Spencer s’est rendue compte qu’elle ne pouvait plus lever les bras au niveau des épaules ou descendre des escaliers normalement. Déterminée à participer aux Jeux olympiques malgré tout, Spencer a tenu bon et a fait comme si de rien n’était.

Une fois les Jeux terminés, Spencer a pris le temps de se rétablir, d’accepter son diagnostic et de reprendre des forces pour revenir au sommet de son sport. Nous avons rencontré Spencer, la porte-parole d’Arthrite-recherche Canada, pour parler du rôle de l’exercice et de la musculation dans la vie d’une snowboardeuse professionnelle atteinte d’arthrite.

Vous parlez souvent du moment où vous êtes passée du sommet de votre sport à une période où vous aviez du mal à descendre des escaliers. Qu’avez-vous ressenti à cette époque?

La période juste avant mon diagnostic a été très difficile : mon corps semblait se désintégrer sous mes yeux et j’entrevoyais la possibilité de ne plus pouvoir faire de snowboard, de ne plus pouvoir m’entraîner et de ne plus être active et en bonne santé. Au plus fort de mes crises, j’avais du mal à descendre des escaliers ou à tenir une tasse de café. J’allais à la salle de sport, je travaillais dur et je m’entraînais pour participer aux Jeux olympiques, mais rien ne me rapprochait de mon objectif. Composer avec l’état mental dans lequel je me trouvais a été le défi le plus difficile à relever au début.

Quel rôle l’exercice et la musculation ont-ils joué pour vous aider à revenir au sommet de votre sport?

Je voulais m’entraîner et faire que mes performances restent au même niveau qu’avant l’apparition de la polyarthrite rhumatoïde, mais je pense que je me faisais plus de mal que de bien, parce que j’imposais à mon corps une cadence qu’il ne pouvait pas suivre. Avec le temps, j’ai modifié mon approche et j’ai travaillé avec des spécialistes pour m’entraîner plus tranquillement et d’une manière différente. Je voulais que le sport et l’activité physique restent au cœur de ma vie. Au départ, je ne savais pas comment les choses allaient se passer. Pourrais-je un jour soulever des poids comme je le faisais avant? Pourrais-je refaire du snowboard comme avant? J’ai travaillé avec des physiothérapeutes, des entraîneurs et des médecins pour trouver une nouvelle normalité. Le résultat s’est avéré proche, voire meilleur, de ce qu’était ma vie avant.

Quels exercices vous ont aidé à retrouver vos forces?

J’ai reçu mon diagnostic juste avant les Jeux olympiques de 2014 à Sotchi. J’ai quand même foncé tête baissée et j’ai tout fait pour trouver rapidement le bon médicament. J’ai suivi un traitement temporaire afin de pouvoir participer aux Jeux, mais ce n’était qu’une solution à court terme. Une fois les Jeux terminés, mon corps était au bout du rouleau, et il me suppliait de faire quelque chose. C’est alors que j’ai contracté une infection du foie : mon corps me demandait d’arrêter. J’ai profité de l’été pour me reposer, et pour m’habituer aux nouveaux médicaments et à ma nouvelle réalité. J’avais également besoin d’assimiler mentalement ce qui m’arrivait et de comprendre ce que cela voulait dire pour mon avenir. Pour participer aux Jeux, j’ai dû faire comme si je ne souffrais pas de polyarthrite rhumatoïde, comme si la maladie n’existait pas, mais j’ai eu besoin de m’occuper de moi une fois les Jeux olympiques terminés. J’ai repris l’entraînement à la fin de l’été, en veillant à ménager mes articulations, avec beaucoup de vélo et de travail de remise en forme, puis nous avons lentement réintroduit la musculation. Nous avons augmenté tranquillement les charges et l’intensité des exercices pour laisser à mon corps le temps de s’habituer. Il m’a fallu environ un an avant de recommencer à soulever les mêmes poids qu’avant.

Pourquoi pensez-vous que la force musculaire est importante, non seulement pour une athlète professionnelle, mais aussi pour une personne atteinte de polyarthrite rhumatoïde?

La musculation est importante car elle contribue à stabiliser mes articulations. Je dois rester forte et en forme, et pouvoir compter sur des articulations souples et stables. Depuis que je me suis tournée vers le snowboard hors-piste, je ne m’entraîne plus aussi intensément qu’avant. Parfois, lorsque je ne m’entraîne pas suffisamment à certaines époques de l’année, je sens la différence. Je sais maintenant que j’ai besoin d’un programme d’entraînement structuré hors saison pour aider mon corps à lutter contre la maladie et pour rester en forme. J’ai besoin que mon corps puisse résister aux impacts et aux chocs qui sont le quotidien des snowboardeurs professionnels.

Pouvez-vous nous donner quelques détails sur votre programme d’entraînement physique et de musculation?

À cette époque de l’année, je m’entraîne plus fréquemment. J’ai trois séances de gymnastique par semaine, et j’y ajoute des levers de poids, beaucoup d’exercices de mobilité et de longs échauffements, car je ne rajeunis pas. Je travaille aussi sur ma motricité fonctionnelle. J’habite désormais à Ucluelet. Le surf me donne l’occasion de faire beaucoup d’exercice musculaire, surtout avec le haut du corps, et d’exercice cardiovasculaire. Je fais aussi un peu de Pilates, du skateboard et de la course à pied. J’essaie de varier les exercices, tout en conservant trois séances structurées par semaine.

Vous arrive-t-il de vous entraîner à la maison? Avez-vous des conseils à donner à celles et ceux qui vivent avec l’arthrite et qui ne se sentent pas capables d’aller dans une salle de sport?

Il y a de nombreuses options en ligne si vous ne voulez pas aller dans une salle de sport. J’adorais les cours de Pilates et de spinning lorsque j’habitais à Vancouver. Ces possibilités n’existent pas ici, mais je me suis inscrite à un cours de Pilates en ligne que je peux suivre de chez moi. Je n’ai besoin que de quelques poids et d’un tapis. C’est un excellent entraînement complémentaire. Pour la musculation, je vais dans une salle de sport. Je ne suis pas du genre à faire ça chez moi. C’est ce qui me motive à sortir de la maison. Il existe de nombreuses façons de commencer tranquillement avant d’aller dans une salle de sport.

Qu’aimeriez-vous dire aux personnes qui ont du mal à commencer à faire de l’exercice et de la musculation?

Parlez à votre médecin avant de commencer quoi que ce soit de nouveau. Les médecins sont d’excellentes ressources sur lesquelles vous pouvez compter. Au fur et à mesure que vous réintroduisez certains éléments dans votre routine, votre médecin vous aidera à rester sur la bonne voie. Appuyez-vous également sur votre communauté. Faites appel à des personnes qui ont une expérience vécue et qui peuvent la partager. En ce qui me concerne, j’ai repris confiance lorsque j’ai commencé à parler à d’autres personnes qui étaient dans la même situation que moi. Cela m’a permis de reprendre ma vie en main après le diagnostic.

Comment l’exercice et la musculation vous aident-ils à faire du snowboard?

La musculation est très importante pour les snowboardeurs, pour plusieurs raisons. Nos mouvements sont très courts et plutôt explosifs. Nous nous entraînons beaucoup à nous accroupir et à sauter, car cela se traduit par de meilleurs sauts et un meilleur contrôle au décollage et à l’atterrissage. Notre corps doit pouvoir supporter les impacts. J’ai remarqué une grande différence quand je ne suis pas en bonne forme au début de la saison, et les choses vont souvent en empirant après ça. Même si le snowboard n’est pas un sport d’endurance, nous avons besoin de travailler l’endurance pour passer l’hiver. La force musculaire et un sentiment de bien-être nous aident à rester en bonne santé.

Quelles ressources recommanderiez-vous aux personnes atteintes d’arthrite qui veulent s’entraîner?

Lorsque j’ai recommencé à faire de l’exercice et à m’entraîner, je n’avais que peu d’informations. Je suivais mon intuition, j’avançais à tâtons, et je travaillais avec des entraîneurs, des physiothérapeutes et des médecins. Pour me rassurer, j’aurais aimé avoir quelque chose comme l’outil I START d’Arthrite-recherche Canada (un outil s’appuyant sur la recherche et conçu pour aider les personnes atteintes d’arthrite à commencer ou à continuer à faire de la musculation). Je me demandais si ce que je faisais était utile. J’ai beaucoup hésité avant de réintroduire certains exercices et certaines activités dans ma vie.

Une version spéciale de l’outil I START est également disponible pour les spécialistes du conditionnement physique, pour les aider à travailler avec les personnes qui souffrent d’arthrite inflammatoire. Pensez-vous que ce type d’outil est utile?

Les entraîneurs et les physiothérapeutes avec qui j’ai travaillé au début connaissaient la polyarthrite rhumatoïde, mais ils n’avaient pas beaucoup d’expérience avec les athlètes de haut niveau atteints de cette maladie. L’outil I START est un outil que les spécialistes du conditionnement physique peuvent utiliser pour aider les personnes atteintes d’arthrite à réintroduire la musculation dans leur vie.

Quelles suggestions donneriez-vous aux personnes atteintes d’arthrite qui souhaitent se remettre en forme?

Au début, tout était si sombre et si effrayant, et je me sentais vraiment seule. J’aimerais que les gens sachent qu’ils ne sont pas seuls, et qu’il n’y a pas de mal à s’appuyer sur son entourage et à tendre la main à d’autres personnes atteintes de maladies rhumatismales. C’est votre bouée de sauvetage. Ensuite, lorsque vous vous sentirez bien, lancez-vous et redevenez actif. Ça marche, j’en suis la preuve vivante. Vous pouvez retrouver la vie que vous aviez avant le diagnostic. J’avais peur de tout perdre, tout ce que j’étais, tout ce que j’aimais le plus, le snowboard. J’avais tort.

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